Les chauve-souris pointent à la ligne

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Les chauve-souris pointent à la ligne
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Sept bus du Réseau Astuce sont équipés de capteurs pour comptabiliser les chauves-souris. Objectif : mesurer l'évolution de la biodiversité sur le territoire.

Depuis octobre dernier, sept bus du Réseau Astuce - circulant sur les lignes T2, T3 et T4 - sont équipés de capteurs pour comptabiliser les chauves-souris, les oiseaux et même les sauterelles. Leur installation sur un équipement en mouvement est une première en France. "Un capteur fixe est également installé sur un dépôt de bus à Rouen. Les premiers tests, réalisés depuis août 2021, ont permis de valider la faisabilité technique. À chaque étape, tout est testé, ajusté puis validé. Les technologies s'améliorent aussi. L'intérêt est d'équiper les bus l'hiver pour que tout fonctionne dès le printemps, période qui correspond à la fin de l'hibernation des chauves-souris." explique Frédéric Saffroy, directeur des mobilités douces et RSE chez Transdev. Les bus traversent les communes de Rouen, Bihorel, Darnétal, Mont-Saint-Aignan, Canteleu, Déville-lès-Rouen, Notre-Dame-de-Bondeville, Petit-Quevilly et Grand Quevilly. "Le choix s'est porté sur ces lignes de bus car leurs horaires sont favorables au suivi des données, c'est à dire tôt le matin pour les oiseaux et tard le soir pour les chauves-souris", précise Fabien Verfaillie, docteur en écologie et expert en biodiversité pour Véolia.
Les capteurs analysent les ultrasons pour identifier les cris des chauves-souris. En effet, ce mammifère, quasi-aveugle, se déplace grâce à l'écholocalisation. Il émet des ultrasons, inaudibles pour l'être humain, qui après avoir buttés sur un obstacle, provoque un écho. Il se construit alors une carte mentale de son environnement, même dans l'obscurité complète. "Les données sonores ne sont pas conservées, tout est transmis au logiciel en temps réel, pour décryptage", précise Fabien Verfaillie. Au fur et à mesure, les résultats alimentent l'Inventaire National du Patrimoine National (INPN) du muséum national d'histoire naturelle. "L'idée à terme est d'affiner les mesures pour détecter davantage d'espèces. À ce jour, la pipistrelle commune a été la plus observée parmi les chauves-souris. Quant aux oiseaux, trois espèces ont déjà été identifiés, le rouge-gorge, le merle et le rossignol. Techniquement, le logiciel pourra identifier jusqu'à une douzaine d'espèces différentes d'oiseaux en milieu urbain".

Le programme permet de cartographier, comptabiliser et suivre l'évolution sur le long terme de la chauve-souris. "L'objectif est de mesurer l'évolution de la biodiversité sur le territoire. Par leur position en bout de chaîne alimentaire, les chauves-souris ont peu de prédateurs et sont donc un bon indicateur de la biodiversité, plantes et insectes". En Europe, toutes les chauves-souris sont insectivores."En une nuit, une chauve-souris peut consommer 1 000 moustiques et moucherons". Elle se nourrit aussi des insectes nuisibles pour les cultures et arbres fruitiers et sont donc d'excellents insecticides naturels. "Elle a donc un rôle important dans l'écosystème". Le projet mesurera aussi l’impact écologique de l’extinction de l’éclairage urbain sur le territoire. Les résultats scientifiques seront régulièrement communiqués par Transdev.